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Le temps d'aimer l'Afrique
25 janvier 2010

Km 1839: Au carrefour des Afriques

Nous partons d'Atbara un jour de grand vent. Heureusement pour nous, il est de dos. Mais la poussière qu'il soulève rend le ciel gris, comme un jour de mauvais temps. Notre champ de vue ne s'étend pas très loin. La route se présente à nous comme seul objectif. Nous somme prêts à l'affronter. Nous sortons d'Atbara et ne résistons pas à nous arrêter prendre une photo de l'étrange phénomène météorologique. Manque de pot, une voiture de policiers nous interpelle... Sur notre photo, le batîment officiel du péage. Du coup, il faut présenter nos passeports à ce même batîment et bien sûr effacer la photo... Les policiers soudanais sont facétieux. Quand ils voient que l'on râle pour rebrousser chemin, il font un peu durer les choses tout en faisant des blagues en se marrant... Enfin, on ne va pas se dégonfler après cet arrêt, nous repartons de plus belle. Vers midi, nous nous arrêtons dans une caféteria au bord de la route. Celles-ci sont nombreuses car le trafic de camions est dense sur cette portion qui mène de Khartoum à Port Soudan. Le temps de manger, quelques conducteurs s'installent à la table d'à côté... et nous rencontrons ainsi Mawia autour d'un chop chai de bienvenue aux étrangers. Presque aussi grand qu'Olivier, ce transporteur de terre nous explique gaiement son travail et le nombre de kilomètres qu'il nous reste à faire jusqu'au prochain site touristique, Meroe. Dommage que nous nous revenions plus à Atbara, nous étions les bienvenus chez lui. Nous repartons avec 2 pepsi cadeau pour nous donner la forme. Nous continuons la route en espérant bien arriver à Meroe pour le coucher du soleil. Avec le vent dans le dos, fastoche! Nous faisons même une pointe à 60km/h!!! Au bout de 80km, un camion s'arrête derrière nous. Non, non, merci, nous n'avons besoin de rien! Mais le conducteur descend... c'est Mawia! Il nous dit qu'il ne nous reste qu'une quinzaine de km avant Meroe. C'est reparti! Depuis la route tout à coup, un bon nombre de "petites" pyramides s'offrent à notre regard. Nous y sommes. Un barbelé court autour du site et un petit guichet attend les sous d'entrée. Les vendeurs du petit souk de souvenirs jouent aux cartes à l'abri du vent et le contrôleur de billets nous accueille personnellement... on est bien loin des sites très organisés, protégés et envahis de touristes! Le billet réglé, nous demandons si nous pourrons planter la tente... Pas de problème, et devant le guichet s'il vous plait, c'est à dire dans l'enceinte du site! Nous allons passer la nuit près de demeures éternelles. Rascar Kapak n'a qu'à bien se tenir!

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Les premiers rayons du soleil réchauffent la tente et déja nous sommes dehors. Nous profitons de notre expérience pour ranger le camp en vitesse, et rejoindre le plus vite possible les pyramides sous les couleurs orangées. Ces tombes révèlent la puissance de ceux qu'on appelle les pharaons noirs, quelques siècles avant JC. Plus petites que celles d'Egypte, c'est leur nombre qui fait leur force (sur les 3 sites existant, on en dénombre 300...). Visiteurs libres, nous nous laissons tour à tour émerveiller par les pierres extérieures (il a fallu porter tout ça!), les sculptures intérieures et le désert magnifique qui entoure. Plusieurs ajouts ont été faits pour redonner au site l'apparence de l'époque. Nous nous baladons un long moment, profitant même de la douceur du sable sur nos pieds... Puis nous repartons, mais aujourd'hui le vent n'est plus dans le même sens que nous. Dur, dur! Nous prenons le repas avec des mécanos de la petite zone marchande de la route proche de Shendi. Et qui vient nous faire un petit coucou? Mawia bien sûr! Après digestion et un repos bien mérité, il est quand même dur d'aligner les kilomètres. Allez, à la prochaine maison, on s'arrête. C'est une maison de paysans. Au lieu de planter la tente, Nur et sa femme nous invitent à dormir chez eux. Deux abris servent de chambre, un troisième de cuisine. Nous ne savons pas ce qu'il y a dans la pièce en dur. Nous partageons un peu de nourriture, bananes et jus pour nous et acida et kombo pour eux. Puis nous dormons car il fait nuit depuis un moment, Hélène envelopée dans le grand voile que porte ici les femmes et qui leur sert aussi de drap.

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Le lendemain, tôt, Nur doit partir aux champs et nous nous levons. Il semble que son travail suive la course solaire. Alors que nous allons partir, on nous demande de l'argent. Nous comptions en donner, mais nous n'en n'avons presque plus. Alors nous donnons une partie de ce que nous avons, mais nous les sentons bien déçus du peu. Sur le chemin, cette histoire nous interroge. Devons-nous donner systématiquement? Mais une invitation, n'est-ce pas justement le désir de recevoir quelqu'un gratuitement? La bonne soirée passée avec eux ne peut être dûe à l'argent. On sait bien qu'on représente la réussite et le contraire de la misère. En donnant, faisons-nous croire que les occidentaux ne marchent qu'à l'argent? En tout cas, il complique bien les choses celui-là et met bien de l'ambiguité dans les rapports... Plus tard nous nous arrêtons à une cafétéria de bord de route et avec la fin de nos réserves, nous nous payons un petit dej'... puis un autre, invités par deux soudanais qui s'installent après nous. Nous discutons avec plaisir avec Abdou Salam, mécanicien, qui nous explique qu'ils vont changer le joint de culasse. Si l'on veut admirer le chantier, c'est à côté. Après la sieste, le moteur est déjà démonté, les pièces sont nettoyées une par une à l'essence. Du beau travail. Avant de repartir, nous faisons essayer le tandem à Abdou Salam. Il aimerait bien que nous restions un peu plus, mais la fin d'après-midi est l'heure idéale pour rouler. Nous avons encore quelques kilomètres à faire aujourd'hui. En route nous croisons une voiture en panne, le conducteur nous demande de l'eau. En discutant, il nous apprend que nous sommes très proches de la 6ème cataracte. Nous pensons un moment que le Nil passe sous le grand plateau que nous avons sous les yeux, mais la cataracte est bien un ressèrement du lit du Nil où affleurent des rochers. Tant pis pour celle-là, nous nous rappelerons de la 1ère sous le vieux barrage d'Assouan. La route ici est plus étroite et les camions doivent beaucoup ralentir pour nous doubler. Deux même nous collent et nous sommes obliger de nous arrêter sur le bas-côté. Le palpitant s'affolent un peu. Puis sur notre gauche, une énorme construction industrielle. Une grande raffinerie pétrolière. Cela explique les nombreuses boutiques du bord de route, les camions en masse et le check-point. Nous nous arrêtons à ce dernier pour demander de l'eau. Khaled, agent de sécurité, se met à nos petits soins. A l'eau suit le karkadé et du pain au sucre. Il doit bientôt rejoindre son poste, mais nous échangeons nos coordonnées pour nous revoir à Khartoum. Dans le même temps, Yasser, propriétaire d'une station service, nous propose un lieu pour dormir. Mais avant, nous allons voir le match de foot au café du coin, et Yasser nous énergise de pain et de lait pour nos gambettes.

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Sur nos deux lits de camp bien confortables, nous étions installés, sans le savoir, derrière une autre boutique de Yasser. Un petit resto, tenu par deux soeurs éthiopiennes, Mouna et Mahled. Et voilà un chop chai! Et puis, interdiction de partir trop vite, elles nous offrent le petit dej'. Oeufs brouillés façon éthiopienne et pain au sucre. Un régal! Elles nous expliquent qu'il n'y a pas beaucoup de monde au resto car le personnel de l'usine est en vacances cause grand nettoyage. Du coup, elles ont du temps pour papoter, et nous apprendre nos premiers mots d'Ethiopie! Nous les quittons à regret, mais l'objectif du jour, c'est Khartoum! Nous roulons bien. Une grande cheminée nous indique l'heure de la pause. C'est un four à briques, construit avec brio. Impressionnant! Nous arrivons à Khartoum en milieu d'après-midi et trouvons la maison des frères Lassalien sans difficultés. Dans cette grande maison héritée des pères blancs, les frères utilisent le rez-de-chaussée comme école de langue arabe. Ici vivront avec nous Yves, Michel, Samy (en "stage" pour quelques mois) et un autre Michel. Yves nous attend et nous donne tout ce qu'il faut pour nous poser le reste de la journée : des lits, une douche, un repas, des livres... parfait.

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Nous resterons 4 jours chez les frères! Au programme : repos, ravitaillement, lessive, internet, couture... Nous profitons aussi des lectures laissées "par hasard " sur la table basse du salon. Nous partons avec les frères voir leur travail dans un village de déplacés. Il s'agit de soudanais du sud, qui se sont déplacés pendant la 2ème guerre Nord-Sud (qui a duré 22 ans, l'armistice a été signée seulement en 2005), et que l'on a "autorisé" à s'installer dans la banlieue de Khartoum. Les difficultés sont nombreuses pour eux. La guerre les a amenés dans ce coin plus arabe du Soudan malgré leur culture plus africaine (langue comprise). Ils ne savent pas s'ils vont repartir, ni s'ils vont retrouver du travail là-bas. Ils ne sont pas propriétaires des terrains où ils ont construit, et voient donc parfois leur maison rasée pour un nouveau découpage des terrains. Précarité et incertitude. Nous partons à presque 100km (quel courage, les frères!) assister à une animation avec les jeunes conduite par Samy, pendant qu'Yves approfondit un projet d'alphabétisation et de soutien scolaire. Les jeunes finissent par une démonstration de danses traditionnelles du sud Soudan. Quelle ambiance! Dimanche, nous repartons pour la messe dans un village de déplacés, Mayo. Dans ce coin, on peut voir les maison rasées et reconstruites de bric et de broc jusqu'à ce que les moyens permettent de reconstruire en dur.

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Nous allons passer un jour chez Khaled, que nous avions rencontré au check point de la raffinerie. Grand seigneur, nous avons droit au meilleur. Un repas au summum, une djellabah pour Olivier, du henné pour Hélène. La journée s'écoule dans la joie, au milieu de sa famille, de ses neveux et nièces et des nombreuses visites. Khaled est ravi. Nous allons faire un tour dans le quartier, accueillis au parfum et au pop-corn. Il aimerait nous garder à dormir. Sa joie nous comble.

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Nous avons visité Khartoum cet après-midi. La circulation bruyante ne nous manquait pas. Nous nous laissons conduire par un erythréen jusqu'au souk, où nous dénichons un merveilleux petit resto typique comme on les aime. Nous avons vu aussi la jonction du Nil bleu et du Nil blanc qui est là. Ces fleuves de pays africains se rejoignent pour partir en pays arabe. Un peu à l'image du Soudan, pays partagé entre le monde africain et le monde arabe. Situation difficile, souvent émaillée de guerres. Quant à nous, nous repartons toujours plus au sud, le long du Nil Bleu. Khartoum a certainement marqué un tournant pour nous; nous quittons le monde arabe pour continuer notre découverte des Afriques.

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Super Quizz trop génial: sur la 2ème photo, un morceau de viande pend dans le fond, de quel animal s'agit-il ?

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Commentaires
L
bonsoir ici il est 20h dans le sud de la France-<br /> quel courage - sans trop de moyen je pense -<br /> mais des aides à ce que j'ai lu sur février -<br /> c'est super ce que vous faites <br /> je suis étonnée pour la malaria - vous n'aviez pas fait les vaccins - <br /> je vais publier un article sur mon blog avec le lien pour vous faire conaître<br /> bon courage -<br /> bonne continuation<br /> chapeau les jeunes <br /> moi j'ai 54 ans - et une polyarthrite rhumatoide inflamatoire - mais je suis valide -<br /> <br /> gros bisous - je file faire votre article pour demain<br /> Lady Marianne
V
Salaam les voyageurs, je viens de retrouver votre blog et je le lis avec grand plaisir. Textes aussi bien que photos sont un pur régal, merci de ce beau cadeau !!! Bonne route, bon vent, et au grand <br /> plaisir de suivre vos aventures...<br /> <br /> Violette - la carnettiste africaine !
T
Meroe!...Vos photos sont aussi belles que les rêves que suscite ce nom magique. Encore bien des gens sympas sur votre route. <br /> Bonne suite.<br /> Sommes moins en forme que vous sans faire tant d'efforts...<br /> Bises... <br /> Françoise, Patrick et Pierre
N
Un petit message pour vous dire que vous me faites toujours autant voyager, c'est génial de pouvoir sur votre aventure en temps réel avec des photos magnifiques et de voir la générosité des gens!<br /> <br /> Gros bisous à vous deux
S
gazelle, cob, damalisque, bouquetin de Nubie, antilope ... j'ai voulu voir sur internet quelle était la faune du Soudan et elle est vaste ....
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