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Le temps d'aimer l'Afrique
31 juillet 2010

Km 5827 : Les grands espaces, les grands frères, les grands pères

Nous approchons de Morogoro. Une grosse colline et la ville plantée en son pied. Avec nos accompagnateurs, nous cherchons le séminaire capucin. Nous passons devant plusieurs, tournant à gauche, à droite, jusqu'à croiser une voie ferrée et entrer dans un séminaire plus petit. Nous sommes à destination. Nous arrivons à la tombée de la nuit, sous la pluie. Deux frères nous accueillent avec gentillesse avant que l'on rencontre père William, le responsable du séminaire. Nous sommes arrivés entre la prière et le dîner. Le temps de poser nos affaires, et nous allons manger. Immédiatement, la fraternité et la convivialité nous mettent à l'aise. Nous discutons à table, faisons la vaisselle tous ensemble. Il y a toujours quelqu'un pour prendre soin de nous, venir nous chercher pour les repas, rester pour discuter. Alors que la plupart sont étudiants et ont des choses à faire, ils sont toujours disponibles, sans main sur la montre... On décide donc de rester quelques jours avec notre 30aine de camarades.

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Ferdinand sera notre guide. Le séminaire des capucins fut le premier construit à Morogoro il y une quinzaine d'années, maintenant il y en a tout autour, et des dizaines. Celui des capucins, fidèle à la tradition fransiscaine, est assez simple. Les étudiants y mangent, dorment, prient et y vivent en communauté, mais maintenant les cours ont lieu non loin de là, dans un grand séminaire. 4 années de philosophie et 4 années de théologie pour être père. Plus tard, nous faisons nos différentes thérapies. Montagne pour Olivier, ménage et discussions avec les frères pour Hélène. Un autre jour, Ferdinand nous emmène marcher dans la montagne. Ou plutôt Olivier qui y a repéré un chemin la veille. En route, nous voyons des cochons et Ferdinand nous instruit : "vous savez, ici les musulmans mangent de la viande de cochon hors ramadan. Parce que, ce n'est pas ce qui entre en nous qui est mauvais, c'est ce qui en sort". Il est aussi ravi de la balade, et ramènera du monde pour la faire avec lui! Il nous emmène ensuite nous régaler de grillades, bière et jus de fruit (disponibles en 500mL uniquement...) pour qu'on se rappelle d'eux. Chez les franciscains, tout est commun. Ferdinand a un salaire du séminaire d'à côté en tant que prof, le donne à la communauté. Il demande de l'argent quand il en a besoin et on lui donne ce dont il a besoin. Vie heureuse et simple... Rentrés de la balade, nous participons au temps de sport. C'est parti pour un match de volley, avec des jeunes et beaux sportifs que sont les frères! La plupart sont de la Tanzanie, mais il y a deux éthiopiens et un indien. Nous racontons nos déboires en Ethiopie. Les frères confirment la difficulté pour les éthiopiens à sortir du pays. Nous au moins, on a pu.

Vient le temps du départ et nous sommes en pleine forme. Bien nourris, les poches pleines de contacts de Bijoy, le frère indien. Quelques tours de tandem en habit capucin et on y va. Ferdinand a enfourché son vélo pour nous accompagner sur quelques kilomètres. Un des frères éthiopiens nous dit discrètement "et désolé pour l'Ethiopie"... Tout sourire, Ferdinand nous suit donc et nous aide jusqu'au dernier croisement après la ville. Ensuite, c'est à nous de jouer!

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Nous roulons bien, fascinés par la plaine qui se présente devant nous. Il fait beau, le petit dej' a été conséquent, et on ne s'arrête qu'au bout d'un long moment pour prendre un coca. Cool, des gens qui dansent devant la porte! En fait, nous sommes à la deuxième phase d'un mariage. On vous explique. Tout d'abord, quelqu'un de la famille du prétendant et un de ses amis vont voir le père de la jeune fille. Deuxième étape : discussion de la dot, fête à la maison de la jeune fille, qui se voit offrir des cadeaux pour équiper son futur foyer. Le prétendant n'a pas le droit d'être là. La jeune fille ne peut sortir que la tête couverte d'un tissu, et dès la cérémonie finie, est "embarquée" dans la famille du prétendant jusqu'au mariage. Les deux précautions sont nécessaires pour qu'aucun autre prétendant ne tente de surenchérir... C'est Justin qui nous explique tout ça. Il est de Doma, quelques kilomètres plus loin. Nous y prenons rendez-vous pour passer un peu plus de temps ensemble. Mais avant, nous nous offrons un superbe coucher de soleil au baobab... Arrivés à Doma de nuit, difficile de savoir à quel bar nous attend Justin! On s'arrête un peu au hasard et rencontrons... les potes de Justin qui n'est pas encore là! Ils restent avec nous jusqu'à ce qu'il arrive et un peu plus. Ils ont plein de questions, nous aussi, et on chante même des chants de Noël et nos hymnes. Justin est vétérinaire et travaille pour le gouvernement. Il vivait avant dans une ville plus confortable, et se retrouve ici, sans électricité, dans une petite maison qu'il doit louer et qui est dans un piteux état... Mais enfin, il n'a pas le choix, déjà bienheureux d'avoir un emploi. Il nous parle de quelques non-sens, comme le remboursement des médicaments qui ne peut se faire que si on les achète à Morogoro, ce qui lui revient finalement plus cher à cause du bus. Justin aimerait continuer ses études, mais en Afrique, dès qu'on gagne sa vie, on partage et on aide! Alors difficile d'épargner (si vous voulez l'aider, n'hésitez pas). Cela ne l'empêche pas, avec sa femme Tresfola et leur fils Alfred, de nous accueillir, avec chaleur et joie. Encore une belle leçon de don même si on a peu.

 

 

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A Doma, nous sommes aux portes du parc Mikumi. Nous ne sommes pas sûrs de pouvoir le traverser à vélo, les informations que nous avons eues sont différentes. Donc on y va et on verra. Pas de gardiens à l'entrée, c'est parti! Et ça commence par des singes, effrayés par notre convoi et qui s'enfuient en hurlant à nous faire peur! Les autres animaux aussi. Ils ont l'habitude des bus et des voitures, mais un vélo deux places, ça les impressionne! Des phacochères nous montrent leur derrière, les zèbres sont toujours hypnotiques, les éléphants restent au loin et quelques giraffes "flottent" en s'enfuyant, courant à côté du vélo pendant quelques instants. Ces images ne resteront que dans nos tête, car si Hélène avait peur avant de rentrer dans le parc, c'est dans le parc lui même qu'Olivier refuse d'arrêter de pédaler, on ne sait jamais, une grosse bête... Nous n'avons pas été attaqués par un lion, le danger était ailleurs... La vitesse dans le parc est limitée à 70km/h. Mais pourquoi changer les habitudes? se demandent les conducteurs de bus. Toujours à fond, toujours prioritaires, même si pas de place sur les bas côtés, klaxonnant à tue tête et laissez-moi passer! Ben c'est nous qui avons vraiment cru qu'on aller y passer. Ceci dit, s’ils nous tuent, ce sera « Glory to God », c’est marqué derrière ! Juste après le parc, dans la ville de Mikumi, nous voyons pour une des premières fois un manège pour enfants. Et aussi un tricycle, pour porter encore plus de choses. Le soleil et l'ambiance sont aux vacances. Nous continuons la route qui grimpe en suivant les ornières qu'ont dessiné les pneus des camions surchargés. Le temps est parfait, plus frais dans cette région plus boisée et montagneuse. Juste avant la nuit, nous plantons la tente dans un village. Ambiance fête de village. Tout le monde semble vivre ensemble. Nous mangeons entre trois "mamas", comme on choisi des friandises : à l'une des patates douces, à l'autre des pommes de terre et la troisième de la kasava. Comme un jeu. Plus bas, au bord de la route, les hommes guettent le client pour le charbon qu'ils vendent. Les jeunes y resteront toute la nuit, il ne faut pas rater une opportunité de gagner un peu sa vie.

 

 

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Une belle descente nous plante au milieu d’une forêt de baobabs. Partout, sur les collines en face et à côté de nous, des milliers d’arbres «plantés à l’envers un jour où Dieu était en colère ». C’est un peu bizarre, car, dépourvus de feuilles et sans vert au sol, ça fait un peu forêt d’arbres morts. Mais nous pouvons admirer la peau d’éléphant de ceux qui bordent notre chemin. Au croisement de deux collines, une rivière pleine de crocodiles paraît-il. On n’en n’a  pas vu, et Olivier se risque même à s’y toiletter et à faire un peu de lessive. Ni lui ni le troupeau qui vient boire ne seront mangés aujourd’hui. Plus loin, Hélène demande à une famille de remplir les bouteilles. L’eau fraîche, certainement  ramenée par bidons sur la tête, est distribuée gentiment, et l’on apporte même une timbale supplémentaire pour l’assoiffée qui demande. Et la famille d’en face nous fait de grands signes. On aurait quand même pu leur demander ! Générosité bien fréquente ici… Nous avons fait plus de 80km, la nuit tombe, il est temps de se loger. Les personnes qui nous accueilleront ce soir resteront anonymes. Elles l’ont fait sans demander à leur patron, au péril de perdre leur travail si nous étions découverts. Merci à elles. Nous voici clandestins d’une nuit…

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Nous partons au lever du soleil. Il ne faut pas que l’on nous voit. Et on sait que dans quelques kilomètres une grande côte nous attend. Il est bien agréable, en fait, de partir tôt de temps en temps. Petit dej un peu plus loin, encore quelques kilomètres et nous voici au pied de la fameuse montée. Il est 9h, le soleil ne tape pas encore trop. On se prépare pour 600 mètre de dénivelé, à 8 %, pendant 9km. On hésite tout à coup à entrer dans le livre des records. Olivier seul devant ? Hélène seule derrière avec deux bâtons pour conduire ? Faire tout en grand plateau et petit pignon ? … bon allez, finalement, on fait ça à deux, petit plateau et grand pignon. Et on a tout fait ! En haut, on se récompense en rafraîchissements et Olivier détaille une case pour ses projets futurs. Une plaine s’étend devant nous. Les couleurs ont changé, et comme il est plus tard, l’animation est plus dense. On se sent ailleurs, projetés dans un autre monde que celui que nous avons laissé au pied de la montagne. Nous roulons vers Iringa, où Bijoy nous a donné un contact. La ville est un peu excentrée de la route principale, et à nouveau il nous faut monter… La côte paraît presque plus dure que celle qu’on a faite le matin, entre la pente, les travaux et les dos d’âne. En ville, nous cherchons la communauté salésienne. Un magnifique policier en vélo nous aide, et nous descendons jusqu’à l’autre extrémité de la ville. Après 84km, nous arrivons éreintés, mais Bijoy avait eu la gentillesse de prévenir, alors on est attendu…

 

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Père Thomas nous accueille et nous envoie directement au stand requinquage, la cuisine, où nous partageons un petit goûter chaleureux en l’honneur de l’anniversaire de père Samuel. Puis nous sommes invités à nous reposer dans notre chambre, où un avertissement « feel at home » se fait bien voir sur la table. Nous retrouvons ici une vie de communauté plus réduite et cosmopolite. Les pères Thomas et Samuel sont indiens, frère Virgilio italien, Augustin kenyan et un séminariste africain (dont nous avons oublié le nom ! pardon). Manque un autre membre, africain lui aussi. Cette communauté est chargée de diriger l’école technique d’Iringa. Petite histoire. Don Bosco, fondateur de cette congrégation « Les Salésiens », prit a cœur de développer une éducation pour tous, notamment pour les plus pauvres et pour ceux qui ne pouvaient suivre une voix plus  « académique ». Pour ces derniers il monte des ateliers d’apprentissage professionnel, répondant à des besoins réels de la société de son temps. Don Bosco, « ami de la jeunesse » invite donc les salésiens à faire de même. A Iringa, l’école professionnelle comporte les sections d’ébénisterie, d’électricité, de mécanique auto, de ferronnerie et d’imprimerie. Cette dernière est dirigée par frère Virgilio, et marche tellement bien que les hommes la quitte tous au plus vite pour un travail mieux rémunéré ailleurs ! Et attention ! les professeurs et étudiants de la section ferronnerie ont pris toutes les mesures du tandem et de la remorque ! Depuis le temps que l’on voit deux personnes ou des tonnes de chargement sur le même vélo pourri pas solide made in je dirais pas, ce serait génial qu’ils se lancent dans une production de tandems et remorques... Au cours de nos discussions au cours des repas, nous en venons à reparler, encore une fois, de nos difficultés en Ethiopie. « Nous sommes les premiers fautifs » , nous dit Père Thomas. « Nous sommes arrivés comme missionnaires dans ces pays et nous donnions tout, parce que nous pensions que les gens avaient besoin que l’on donne. En fait, d’autres prêtres d’autres pays sont arrivés ensuite et nous ont montré qu’il faut demander au gens de participer et de nous aider à vivre ». Ici les dons sont de toute sorte, et en ce moment, c’est une partie des récoltes de cacahuètes qui sèche dans la cour.

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Il est temps de repartir et nous avons un objectif pour aujourd’hui. Rejoindre le site paléolithique d'Isimila, qui promet d’être riche pour les yeux. Nous y arrivons dans l’après-midi, ce qui nous permet de poser la tente et de visiter avec le coucher du soleil. Les gardiens du lieu sont vraiment sympas. « Vous avez besoin de quelque chose ? une douche ? de l’eau chaude ? ». Et la tente tout près du site nous permettra aussi une visite demain matin. Isimila se révèle magique dès le départ. Erodée par l’eau et le vent, les colonnes (ou cheminées de fée), l’orgue, les couleurs, tout nous émerveille. A vos mirettes.

 

 

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Nous quittons la magie pour reprendre la route. Père Thomas nous a dit qu’il préviendrait les salésiens de Mafinga de notre venue. Mafinga est la ville la plus haute de Tanzanie, 2200m ! L’accueil est encore une fois très gentil, même si, parmi la foule d’informations que lui avait donné Père Thomas, Père Henri n’avait pas retenu notre venue. Il faut dire que les trois pères qui sont là sont plutôt occupés. Le dimanche, père Henri est chargé de dire la messe à l’église proche de chez eux. En fait, pas la messe, les messes ! Trois à faire rentrer dans la matinée. Les yeux sur la montre mais le cœur et l’esprit tourné vers Dieu et vers l’assemblée qui danse en chantant… Les autres prêtres, eux,  sont partis dans les villages pour assurer d’autres messes. Le lundi est jour de repos, mais comme ils doivent partir la semaine suivante, ils prennent de l’avance et partent bénir des maisons. Mais nous trouvons le temps de discuter un peu. Père Henri est en Tanzanie depuis de nombreuses années. En Pologne, avant de partir, il s’imaginait être envoyé au Brésil. Du coup il écoutait des chansons brésiliennes pour s’entraîner. Mais, comme il nous le dit « on n’est pas envoyé pour faire du tourisme, mais là où il y a des besoins. » Et depuis, il se sent complètement africain. « Le kiswahili est ma langue ! ». Nous parlons aussi de la vie des tanzaniens. « Si j’avais de l’argent et que je n’étais pas prêtre, j’ouvrirais une boutique ici. Les gens importent saucisse et pain qui pourraient être fabriqués ici, et ça leur revient cher». Problème de management et de vison à long terme. Et sur le bord des routes, nous voyons bien que les entreprises ne sont pas fondées ni gérées par des tanzaniens. Problème de formation et de fonds ? Nous restons deux nuits à Mafinga. Bien que le repos précédent ne soit pas loin, Hélène est crevée et surtout malade et dort toute la journée du dimanche. Pendant ce temps, Olivier lit Ghandi. Dans notre voyage aux mille questions, nous avons parfois besoin de quelques apports spirituels…

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17 mai. Hélène a 29 ans. En cadeau, 80km de succession de marécages en bas et de bois d’eucalyptus et de pins en haut. Nous nous arrêtons, le temps d’une courte pause, au bout d’une allée déserte. Déserte ? Pas tant que ça. Une femme arrive, un seau sur la tête. A l’intérieur, des boissons pour les bûcherons qui travaillent à côté. Dans ses mains, des boîtes thermos contenant le repas d’ouvriers qui le récupèrent en camion devant nous. Le charme des petites organisations africaines… A Makambako, nous nous offrons le luxe d’un bon hôtel. Hélène souffle sur son petit brownie gardé précieusement de la réserve apportée par nos familles. Ça y est, le cap est passé. Mais quand même, le lendemain, on se refait encore quelques pâtisseries.

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Le départ de Makambako nous propulse dans la vallée du rift. L’air devient sec et chaud. La plaine est immense et s’ouvre devant nos yeux. On descend, descend, descend… Lors d’une pause canne à sucre, un homme nous demande comment faire pour venir en France. Ce n’est pas le premier. Serait-ce mieux pour lui ? Qu’en savons-nous ?  Ce qui semble moins bien pour nous est mieux pour eux ? Ou est-ce que ça miroite trop ? Plus tard, nous nous arrêtons à Igawa. En quête d’une place pour la tente, nous tombons sur une guest house à 3000 shillings. On prend ! Le soir, nous nous régalons d’une pastèque et de citrons. On a la chance de pouvoir varier du traditionnel riz-haricots secs qui commence par nous sortir par les trous de nez…

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Nous continuons notre avancée dans le rift. Une pause pipi, un vespa se gare devant le tandem. En descend Nacho, un espagnol qui fait le Caire-Afrique du Sud pour la coupe du monde. Il n’est pas le seul, nous avons croisé des camions pompiers allemands, des camions portugais, une enfilade de voitures oranges venues de Hollande… mais c’est le seul qui s’arrête. Décidément le deux-roues permet plus de liberté… Nacho a dans ses bagages le maillot qu’un joueur de l’équipe d’Espagne lui a donné en lui disant : « si tu me le ramènes en Afrique du Sud en vespa, je t’offre des tickets pour les premiers matchs de la coupe ». Il est parti du Caire le 1er avril, et risque fort de gagner son pari ! Vous pouvez voir son projet et visionner ses petites vidéos dynamiques et rigolotes sur facebook : « AFRICA EN VESPA!!!!! ». Nacho fait environ 300 km par jour. Un voyage un peu plus rapide que nous, mais lent quand même. Avec lui, nous apprenons que l’essence en Tanzanie est la plus chère de tous les pays qu’il a traversé jusqu’à maintenant… pourtant, que nous trouvons ce pays pauvre… Après le départ de Nacho, nous avançons jusqu’à la route qui mène à un parc réputé magnifique pour ses fleurs et ses oiseaux. Irons-nous ? N’irons-nous pas ? De toute manière, il est trop tard, on ne s’engagera pas ce soir. Nous abordons l’église en face du chemin. C’est l’heure de la prière. Nous y allons, mi-curieux, mi-respectueux. Seulement quelques personnes dans l’église. Chacun prie en déambulant et en parlant pour lui-même. Impressionnant. Nous plantons la tente juste derrière le bâtiment. Moses, le pasteur, vit également avec sa famille dans une toute petite maison attenante à l’église. Avec sa femme Salomé et leurs enfants Enoch et Eunice, il nous reçoit avec chaleur. Une petite table est posée devant la tente et ils nous offrent dîner et petit déjeuner. Ils parlent très peu anglais. On sent bien qu’ils voudraient nous donner plus mais que cette lacune les bloque. Timidité d’essayer ? de nous montrer davantage leur vie ? En tout cas la tendresse est là.

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Nous décidons de ne pas aller au parc. Pas la bonne saison, trop loin, peut-être aussi l’envie de changer de pays, la fatigue, une certaine lassitude… Nous partons vers Uyole, ville croisement entre la Tanzam highway et la route du Malawi. Nous y sommes attendus par des pères carmélites, encore un contact de Bijoy. La route n’est pas longue mais elle est difficile. Nous nous arrêtons pour souffler juste avant une côte qui promet. Un jeune nous interpelle : ‘’Vous êtes fatigués ? ‘’. Nous commençons à discuter avec lui. C’est un artiste qui travaille en Tanzanie et au Malawi.  ‘’Les tanzaniens ne pourraient pas faire ce que vous faites. Personne ne sort de la Tanzanie, sauf pour le travail. Les gens vont trop lentement, font quelque chose puis se reposent, ils ne sont pas à fond comme vous. Mais en même temps, ils n'ont pas d’argent pour voyager. Tout est consommé par l’école, la nourriture. Les familles sont grandes ici, ça fait beaucoup de monde à s'occuper.’’ Il a dit ça sans critiquer, sans rage, avec joie. C’est sa réalité. Une voiture s’arrête et le conducteur nous pose plein de questions sur le voyage. On n’a pas eu l’impression d’avoir eu beaucoup d’échanges ‘’de bord de route’’ en Tanzanie. Une manière d’être aussi ? Nous reprenons la route. La côte est dure en effet. Très raide puis très longue. Nous arrivons en haut affamés et assoiffés. Nous dévorons nos frites et nous reposons un peu. Nous admirons les joueurs de Bao déplacer leurs billes avec rapidité et bruit, comme le faisaient les joueurs de dominos en Egypte. Uyole est au bout de la vallée du rift. Il va nous falloir encore pédaler fort pour atteindre notre but. Nous n’en pouvons plus mais nous ne renonçons pas. Nous y sommes. L’église est trouvée, il faut juste attendre que le Père Wilfred finisse sa messe. Puis nous suivons sa voiture sur les 2 km qui comptent parmi les plus longs de la journée…
On y est. On y est bien.

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Deux Pères indiens vivent ici : Wilfred et Dolphi. Ils seront notre famille pour les quelques jours à venir. Car dès le lendemain nous faisons le test de la malaria, qui s’avère positif pour tous deux. Bien avancé pour Olivier. Ça faisait sans doute un moment qu’on se la traînait. Plus tard nous lirons que la lassitude est un des symptômes de cette maladie. Enfin bon. Nous prenons donc un abonnement chez les pères carmélites qui heureusement ne sont ni silencieux, ni retirés du monde. La vie est simple. Un grand jardin potager, des animaux, une cuisine au feu de bois où tout le monde participe.
Le coin est joli, situé sur un col où les 2 rifts, oriental et occidental, se rejoignent avant de continuer sur le lac Malawi. Nous trouvons des livres et du repos. Wilfred est un vrai pince sans rire, Dolphi est plus réservé. Avec Wilfred, nous partons jusqu’en haut de la colline qui surplombe Uyole. D’ici, nous admirons ‘’la fin du monde’’. C’est l’endroit où le rift semble se terminer. Mais tous trois on le rebaptiserait bien ‘’le début du monde’’, c’est vraiment trop beau ! Nous nous essayons aussi à la cuisine en mitonnant de bon petits desserts et en construisant avec Dolphi un four de dernière minute : braises dessous, plaque de métal sur le couvercle avec braises dessus, et le tour est joué ! Nous repartons un matin un peu triste, Wilfred nous accompagne jusqu’à la grille avec émotion. Dans nos bagages, les graines des fruits délicieux et inconnus qu’ils nous ont fait goûter. Nous quittons cet endroit comme après un we entre amis de longue date… nostalgiques…

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Nous commençons par monter, encore une fois. Le temps se dégage peu à peu. C’est plus vert, mais où est ce pays de la banane que l’on nous a promis. Nous nous arrêtons déguster saucisse, viande et bananes grillées (ça tombe bien on n’aurait pas mangé un plat de riz aux haricots secs). Un délice. Et on repart. Enfin les bananiers partout ! A Tukuyu, nous visitons un peu la ville, rencontrons même un réflexologue! La ville n’est pas grande et pas si loin d’Uyole qu’on aurait cru, nous continuons un peu, descendons un peu et arrivons… dans une église qui nous tend les bras. Père Nelson nous donne un coin pour la tente. Des allures de Don Camillo avec un sourire aussi grand que Fernandel, il n’a l’air que d’un petit prêtre simple. Pourtant, c’est un docteur en droits canoniques à qui nous avons à faire. Et aussi un ami de Wilfred…

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Olivier dort beaucoup et ne semble pas bien remis de la malaria. Au matin, Nelson nous accompagne donc à l’hôpital. En revenant, "catastrophe sur la tente-le retour": une vache a repéré les épis de maïs laissés entre le toit et le double-toit et a essayé de rentrer pour les attraper… un tendeur arraché et surtout un arceau cassé… et nous bien énervés. Sans se départir de son sourire, Nelson prend les choses en main. Nous changeons trois fois de place jusqu'à trouver un ferronnier qui, coup de bol, a un tube d’acier de la taille exacte de l’arceau. Ça fonctionne ! ouf… Nous reprenons le vélo et parcourrons nos derniers kilomètres en Tanzanie. Bananiers, champs de thé et puis, et puis, tout à coup, depuis les hauteurs, LE lac. Et le grand plongeon. Au revoir la Tanzanie !

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Réponse au dernier quizz : bravo à Jeje, fin observateur . C’est bien un siège pour vider les noix de coco. Mais en effet, ce serait une bonne idée de la mixer avec un appareil à gauffre… mmmm…

Et spécialement, deux supers questions du super quizzz!!!
La premiere pour les footeux : sur la route nous avons trouvé ce joli panneau… qui veut dire quoi selon vous ?

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Et la deuxieme pour les matheux : lors de la grande côte le jour où nous avons rejoins Iringa, nous avons fait 8km à 8% et 2km à 6%. Quelle est la dénivellation totale ?

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Commentaires
L
C'est vrai que 2 yeux ne peuvent engranger tant de merveilles... c'est pour ça qu'on est parti à deux, parce que 2 regards venant de nos 4 yeux offrent bien plus de possibilités de découvertes...<br /> <br /> Trop faciles les quiz de nos jours avec internet...
J
Salut, salut !<br /> <br /> Décidément, pas de bol avec les tentes ! Que de jolis paysages que vous avez encore traversé ! En particulier le site paléolithique d'Isimila : j'avais jamais vu de telles colonnes ! C'est incroyable ce que peut faire la nature !<br /> Remettez-vous bien et bonne continuation : vous n'avez jamais été aussi proche du but !<br /> <br /> Pour la réponse au quizz : pour TFC, j'avoue avoir triché, mais j'ai trouvé ça sur le net : Tanzania Fertilizer Company ! Rien à voir avec le foot !!! Mais j'aime bien l'idée de Papajo !<br /> <br /> Et pour le calcul de la dénivellation totale, je suis tout à fait d'accord avec le résultat de Papajo !<br /> <br /> @+
A
suis pas douée en math par contre les ciels et les cheminées de fées sont tout à fait magiques! Comment deux yeux peuvent-ils engranger tant de merveilles?
P
Un panneau marqué TFC avec le logo d'Adidas: il n'y a qu'une possibilité.<br /> Le Toulouse Football Club a créé en Tanzanie une cellule de recrutement pour détecter les jeunes sportifs prometteurs et leur promettre monts et merveilles pour les faire signer. Hum...
F
Vos posts nous manquaient, les photos mais les textes aussi. Là, on s'y retrouve, et de nouveau on y est, avec le détail, les couleurs, et toujours l'amitié et l'émotion. <br /> Merci et vivement les suivants !
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